Le crash du Liberator B-24.
par Ciel Québécois
Cet automne, renouer avec l’histoire du Liberator qui s’est écrasé à St-Donat le 19 octobre 1943. Photo: S. Schneider La Montagne noire est la plus haute montagne de Saint-Donat. Son sentier pédestre fait partie de l’Inter-Centre et est aussi un tronçon du Sentier national au Québec. La Montagne noire vous propose de renouer avec la nature, mais surtout avec l’histoire puisqu’en octobre 1943 un avion militaire de type Liberator B-24 s’est écrasé à cet endroit tuant 24 militaires.
D’ailleurs, on peut encore aujourd’hui voir des vestiges de cette tragédie. Vous pourrez en effet visiter le site de l’écrasement où a été aménagé un petit cimetière en guise de commémoration des évènements. Au sommet, un belvédère vous permettra aussi d’admirer les belles montagnes de Saint-Donat.
L’histoire de cette tragédie aérienne est très intéressante pour deux raisons. Premièrement, l’accident est survenu le 19 octobre 1943 et les vestiges de l’avion ont été retrouvés plus de deux ans après la tragédie soit le 26 juin 1946. Deuxièmement, pour les Forces armées canadiennes, il s’agit de la plus grande catastrophe aérienne à survenir sur son territoire depuis le début de l’histoire de l’aviation au Canada.
Voici textuellement ce qu’on peut apprendre sur l’appareil et les circonstances sur le site internet http://www.intercentre.qc.ca/his-avion.htm. La recherche sur l’accident a été menée par Monsieur Claude Lambert, anthropologue-historien pour le compte de la Société Historique de Saint-Donat.
L’origine du B-24 canadien
Le Liberator qui s’est écrasé sur la montagne noire a été acheté en septembre 1943 de la « United States Army Air Force » (USAAF) et portait le numéro de série 41-24236. Seul vestige de l’USAAF, l’étoile américaine est encore visible aujourd’hui sur une aile du Liberator. L’appareil était immatriculé 3701 « H » pour « Harry ». Il faisait partie d’un groupe d’achat de quatre Consolidated Liberator anti-sous-marins B-24Ds. Les quatre appareils, au moment de leur usage dans l’USAAF, ont servi à l’attaque de U-boat allemands et devaient être utilisés au même genre d’opération avec l’Aviation Royale du Canada (ARC). Cependant, à cause de leur mauvais état, on a dû plutôt les employer pour l’entraînement et le transport général.
Le jour de l’accident
Par un temps pluvieux, le 19 octobre 1943, un bombardier Liberator de l’ARC quitte tardivement la base de Gander à Terre-Neuve pour un vol de routine vers Mont-Joli. À son bord, quatre (4) membres d’équipage et vingt (20) militaires en permission. Vers 1 h 45, après le dernier contact radio avec la tour de contrôle à Mont-Joli, on n’aura plus de nouvelles de l’appareil. Aussitôt sa disparition constatée, des recherches sont entreprises. Le Commandement aérien de l’Est du Canada a effectué 728 sorties pour un total de 2 438 heures de vol dans le corridor qu’aurait dû suivre le bombardier, mais en vain.
Saint-Donat, le 20 octobre 1943
Des villageois se souviennent d’avoir entendu les moteurs d’un gros avion passant à basse altitude au-dessus de Saint-Donat. Un dénommé M. Moore, villégiateur demeurant au lac Archambault, aurait même averti les autorités militaires d’un écrasement possible d’avion. Les autorités auraient jugé l’information non plausible ! M. Jos Gaudet, alors gardien de la tour à feu provinciale nº 4 au lac Archambault, avait bien remarqué quelque chose qui brillait près du sommet de la montagne Noire, mais il l’avait interprété comme étant une roche qui aurait perdu sa mousse !
Découverte de l’avion
Le 20 juin 1946, alors qu’un autre avion est porté disparu entre Rockcliffe et Roberval, un avion de recherche militaire, piloté par le Lt. B.D. Inrig, survole la région de Saint-Donat et aperçoit la queue double qui caractérise bien le Liberator, près du sommet de la montagne noire. Dès lors, les recherches sont entreprises pour identifier l’appareil, et la journée même, une équipe formée de militaires et de citoyens Donatiens est dépêchée sur les lieux.
Cette équipe est dirigée par le Capitaine d’aviation Harry Cobb de l’ARC. D’après ce dernier, les passagers de l’appareil ont tous été tués sur le coup. L’enquête du coroner menée par le Dr J.-A. Melançon de Joliette dira le jour même que les passagers ont été tués accidentellement. L’avion aurait pris feu après sa chute. Seuls l’assemblage et le fuselage arrière ainsi que les moteurs auraient été épargnés. Des cartes d’identification et des vêtements d’aviateurs ont été rapportés des lieux. Trois cadavres seulement ont été identifiés.
Des rumeurs
L’événement qui constitue l’écrasement du Liberator alimentera durant de nombreuses années des conversations où s’entremêlent parfois les suppositions et les faits réels. Voici quelques-unes des rumeurs non confirmées ou même démenties par les Forces armées canadiennes qui ont circulé, ou qui circulent encore aujourd’hui.
On raconte que quelques semaines après l’écrasement, un avion militaire aurait survolé la montagne noire sans apercevoir le Liberator; un talon haut aurait été retrouvé sur les lieux de l’accident, laissant supposer qu’une femme était à bord ou qu’un des militaires rapportait une paire de chaussures en cadeau. D’après la disposition des corps au sol, on a avancé qu’au moins une personne se serait traînée jusqu’à un arbre, éloigné des débris; au début des recherches, on raconte que l’Armée ne voulait laisser aucune trace de son passage et tenait les curieux à l’écart du site de l’accident. Un an ou deux après l’événement, des Sorellois seraient venus à la montagne pour récupérer le métal (aluminium) de l’avion et l’ont transporté à une fonderie. Ils auraient demandé à des bûcherons, qui travaillaient à la rivière Michel, de descendre des morceaux avec leurs chevaux.
Du côté des journaux maintenant. On rapporte que des gens auraient pillé l’appareil avant sa découverte officielle et se seraient emparés de matériel et de pièces du bombardier. On ajoute aussi que des trappeurs auraient aperçu les débris de l’avion avant que l’Armée ne les découvre. D’autres font état que des déserteurs de l’Armée et des trappeurs ont volé de grosses sommes d’argent des cadavres. Cette rumeur de pillage sur les cadavres a été démentie par l’Honnorable Colin Gibson, ministre de l’air, ainsi que par le Capitaine d’aviation Harry Cobb. Ce dernier affirme d’ailleurs : « Je suis sûr que nous sommes les premiers à visiter la scène de l’accident ». Ces déserteurs, dit-on, vivaient dans une cachette dans les montagnes environnantes. Le « Herald Journal » de Montréal ajoute que les autorités fédérales auraient reçu un rapport secret au mois d’août 1945 sur ces déserteurs et leur histoire. D’autre part, le Capitaine d’aviation Harry Cobb aurait envoyé un message à l’Assistant directeur Hilaire Beauregard de la Sûreté provinciale du Québec sur cette affaire. Ce dernier aurait aussitôt assigné deux détectives à une enquête.
Honneur aux victimes
Dans l’après-midi du 3 juillet 1946, parents et amis des victimes gravissent la montagne afin de rendre un dernier hommage aux disparus. De nombreux militaires viennent aussi saluer une dernière fois leurs confrères. À la mémoire des défunts et pour respecter les croyances de chacun, trois cérémonies différentes seront organisées, soit une catholique, une protestante et une juive, respectivement célébrée par les abbés commandants d’aile Leonard A. Costello, Robert M. Frayne et le rabbin capitaine Ephraim F. Mandelcorn. Le vicaire de la paroisse, assiste également aux obsèques, l’abbé Gérard Supper, ainsi que trois religieux, des Pères du Très-Saint-Sacrement, assiste aussi aux obsèques.
Le maire du village, M. Richard Coutu, apporte une couronne de fleurs au nom de ses concitoyens. Une plaque commémorative, sur laquelle les noms des victimes ont été inscrits, est installée sur un muret de pierre accolé au rocher au pied duquel les corps sont ensevelis.
Le lieu de culte isolé sera entretenu pour plusieurs années par les garçons de la famille de M. Jos Regimbald et de Madame Agnès Désormeaux de Saint-Donat, soit Ernest, Lucien et Marcel. Ils seront rémunérés par les Forces armées canadiennes.
Profanation des lieux
Au cours de l’été 1985, ayant été avertie de la violation de la sépulture, l’Agence canadienne de la Commission des Sépultures de guerre du Commonwealth, responsable des lieux, décida de transporter les dépouilles au cimetière de la paroisse. Un monument y est érigé sur lequel on a fixé la plaque commémorative ainsi qu’une épitaphe.
En juin 1996, lors de la commémoration du 50e anniversaire de la découverte du Bomardier Liberator, on procède, au cimetière de la paroisse de Saint-Donat, à la bénédiction d’un obélisque funéraire réalisé par l’Agence canadienne de la Commnission des Sépultures de guerre du Commonwealth et dédié aux 24 militaires décédés.
La liste des victimes
Le quartier de l’Aviation royale canadienne a publié la liste des 24 membres du Corps d’aviation royal canadien (CARC), disparus avec le Liberator, retrouvé à Saint-Donat.
– Le lieutenant d’aviation J.A.R. Poirier, Kenora, Ontario
– L’officier-pilote, S.A. Sanderson, London, Ontario
– L’officier d’aviation, H.F. Fisher, Armstrong, Colombie-Britanique
– L’officier pilote J.S. Johnston, Sarnia, Ontario
Les sous-officiers brevetés :
– J.A. Barabonoff, Vancouver
– F.A.E. Jenkins, Mullview, Île du Prince Edouard.
– J. Silverstone, Windsor, Ontario
– W.I. Howlett, Galahad, Atberta
– L’officier-pilote J. Lamond, Vancouver
– R.W. Mc Donald, Woodstock, Nouveau-Brunswick
– Le sergent E.M. Finn, Totonto
– Le sergent W.J. Mc Naughton, Montréal
– Le sergent d’aviation R.F. Ware, Vancouver
– Le sergent F.H. Elliot, Slocan, Colombie-Britanique
– Le capitaine A.D. Beattie, Nash Creek, Oakville, Ontario
– L’aviateur-chef C.L. Dynes, Oakville, Ontario
– Le capitaine A.C. Johnston, Toronto
– Le sergent S.A. Wood, Palgrave, Ontario
– L’aviateur-chef J.A..J.P. Veilleux, Thetford-Mines, Québec
– L’aviateur-chef G.R. Patterson, Mille-Roches, Ontario
– Le caporal H.A. Hembley, Woodstock, Ontario
– Le caporal RD. Marr, Ketebec, Nouveau-Brunswick
– L’aviateur-chef E.W. Head, Rochester, New York
– L’aviateur-chef A.J. Radcliffe, Rivers, Manitoba
Lors de la montée vous traverserez une érablière, une forêt de conifères, une forêt mixte et peut-être y côtoierez-vous des animaux. C’est un parcours attrayant parsemé de points de vue surprenants. De plus, le sentier comporte un intérêt particulier, l’endroit du crash du Bombardier libérator. Bonne randonnée!
Pour vous y rendre:
De Ste-Agathe-des-Monts, Route 329 jusqu’à la rue Réginbal à droite:
Départ : Stationnement de l’Inter-Centre (Chemin Régimbald)
Longueur : 17,8 km (alleretour)
Niveau : Difficile
Altitude : 875 m.
Dénivelé : 450 m.