La formation de pilote au Québec.
par Ciel Québécois
Les pilotes professionnels d’ici ont une réputation enviable partout dans le monde. Photo: Raphael Langumier
Dans un forum d’aviation générale, une personne se demandait si les pilotes canadiens étaient meilleurs que les autres pilotes du reste du monde. Question facile, mais réponse un peu plus complexe. Pour répondre à cette question, il faut regarder ce qui se pratique dans les autres pays. Je dirais de façon générale que les pilotes formés à l’étranger possèdent habituellement les qualités requises pour opérer un avion de façon sécuritaire sans plus.
Je peux affirmer aujourd’hui que lorsque j’ai fait mon cours de pilote privé en Europe, la formation était de qualité. En effet, mon instructeur était un ancien pilote de chasse. Il avait aussi déjà été pilote instructeur sur les Boeing 737 de l’Aéropostale. Celui-ci m’a enseigné bien plus que la base et surtout plein de petits trucs que seules les pilotes d’expériences connaissent. Ceci n’est pas une exception, car de l’autre côté de l’atlantique, les instructeurs sont souvent des personnes qui ont beaucoup d’expérience. Le revers de la médaille est qu’en Europe, la formation est très orientée sur le travail mental et les applications théoriques du pilotage. Cela devient parfois très compliqué et on s’éloigne souvent de l’aspect pratique qui est aussi primordial pour devenir un bon pilote. Par exemple, ici les instructeurs enseignent à leurs étudiants à exécuter de façon sécuritaire des vrilles lors de la formation initiale pour devenir pilotes. Ce ne fut pas le cas pour moi lors de ma formation européenne. J’ai donc regretté ce manque de liberté.
Lorsque je suis arrivé au Canada, j’ai poursuivi ma formation en obtenant une licence de pilote professionnel avec annotation multi-moteurs et vol aux instruments. C’est à ce moment que j’ai découvert d’autres facettes de l’aviation et de la formation. Par exemple, au canada, la grandeur et la diversité du territoire offrent des conditions climatiques uniques. Les quatre saisons sont marquées par des conditions de vol changeantes et parfois une météorologie complexe. Il faut donc constamment analyser et rester sur ses gardes au commande d’un avion.
Ensuite est venu le temps de trouver un emploi et là encore contrairement à d’autres pays, nous commençons par le bas de l’échelle. Avec un peu moins de mille heures de vol, on peut se retrouver sur un Piper Navaro à voler sur la basse côte nord dans des conditions de givre et de vent fort. Ensuite, on va aussi visiter des pistes courtes, en gravier, et parfois couvert de verglas. Nous allons aussi visiter notre voisin du sud avec sa météo tout aussi particulière près des Grands Lacs et dans des régions achalandées comme New York. Ceci forge un caractère unique et nécessaire pour évoluer comme pilote « expatrié ».
Bref, avec l’expérience et les contacts que nous établissons au canada tout au long de notre carrière cela devient certainement un avantage pour trouver un emploi de pilote ailleurs dans le monde. Je connais des pilotes qui ont volé sous les ailes de compagnies asiatiques, du Moyen-Orient et même européennes. Ces gens ont apprécié voler dans ces régions du monde. Ceux-ci ont développé une réputation enviable auprès de ses employeurs d’outre-mer.
Bien évidemment, les pilotes d’autres nationalités possèdent l’expérience et les qualités comparables, mais l’histoire démontre que certains pilotes canadiens tout comme l’ensemble de l’industrie aéronautique canadienne sont une valeur sûre reconnue mondialement.