Homme de passion et de détermination, Denis Anctil est le seul quadriplégique à piloter un aéronef au Canada!
par Ciel Québécois
On dit que la vie est souvent couverte d’embûches et que le malheur n’arrive qu’aux autres et bien ce n’était pas le cas pour Denis Anctil. Celui-ci est un passionné de l’aviation. Depuis l’âge de raison, il a toujours rêvé d’être pilote. Photo: Denis Anctil
On dit que la vie est souvent couverte d’embûches et que le malheur n’arrive qu’aux autres et bien ce n’était pas le cas pour Denis Anctil. Celui-ci est un passionné de l’aviation. Depuis l’âge de raison, il a toujours rêvé d’être pilote.
Il se souviendra de son premier baptême de l’air. Celui-ci a été réalisé dans un hélicoptère de type Bell 47. À la descente de celui-ci, son père lui demanda : as-tu aimé ça? Et il répondit : « Oui papa, quand je serai grand je veux devenir pilote! » À la fin des années 70, il réalisa son rêve en faisant son premier solo sur un PA 28 de la compagnie Aérobec.
Par la suite, avec une licence commerciale en poche, il fit son endossement chez Hélicraft comme pilote d’hélicoptère. Denis fit ses premières heures d’expérience de pilote dans le Nord québécois. On se souviendra de la fameuse Baie – James et de ses gros développements hydroélectriques. Pour lui, c’était le paradis pour le pilotage de brousse. Il s’agissait aussi de la meilleure école pour acquérir de l’expérience et approfondir son sens de l’orientation. Notons que dans les années 70, il n’y avait pas de GPS. Toujours avec la même compagnie d’hélicoptère, Denis termina sa carrière de plus de 14 000 h de vol comme pilote EMS en Nouvelle-Écosse sur un appareil de type Sikorsky S-76. Opérer un appareil de cette catégorie et voler aux instruments avec la satisfaction de pouvoir sauver des vies constituait un autre rêve de sa vie de pilote.
Cette passion de pilote fut arrêtée brusquement en 2002. en effet, Denis, bricoleur durant ses temps libres, subit un événement tragique qui mit fin à sa carrière de pilote commercial. En effet, pendant des travaux de construction, il glissa sur un croisillon d’échafaudages pour subir une blessure médullaire et le rendre quadriplégique. La réhabilitation lui permit de retrouver une bonne autonomie, mais en fauteuil roulant, car il perdit l’usage de ses jambes.
Suite à son accident, Denis n’a jamais perdu la passion de voler. Il découvrit, par un pur hasard, qu’il lui serait possible de reprendre les airs par le biais d’un appareil appelé ultraléger pendulaire. Ce type d’appareil est un genre de deltaplane motorisé contrôlé par le transfert de poids. Par l’entremise de recherche sur Internet, il découvrit donc une compagnie française nommée DTA qui fabrique des pendulaires adaptés avec malonnier ( poignée reliée à la roue de direction) pour les personnes qui n’ont plus l’usage de leurs jambes. Par conséquent, notre passionné a suivi son cours avec Bernard Rouer, un instructeur de St-Hyacinthe. Denis et son instructeur firent une demande spéciale auprès de Transport Canada pour l’obtention d’un certificat médical et démontrèrent les habiletés requises lors d’un test en vol sous la surveillance d’un inspecteur accrédité aussi par Transport Canada.
Il va sans dire que, 20 ans plus tôt, Denis n’aurait jamais imaginé voler ce genre d’appareil, mais, le malheur de son handicap, la confiance dans l’arrivée de nouveaux matériaux de qualité spécifique à l’aviation légère, la fiabilité des moteurs et surtout l’amour de l’aviation n’ont point découragé notre pilote.
La conclusion de cette histoire est une leçon de détermination. En effet, Denis Anctil est aujourd’hui le seul quadriplégique à détenir un permis de pilote au Canada et il a accumulé plus de 200 h de vol sur pendulaire. Denis opère aussi avec son fils un centre de formation ultraléger pendulaire à l’aéroport de St-Lambert-de-Lauzon. Conjointement avec un Européen d’expérience, il travaille présentement pour l’ouverture d’une école d’enseignement de vol sur autogire moderne pour le printemps prochain. La morale de cette histoire; « tout est possible dans la vie, il s’agit juste d’y croire et d’être passionné de ce qu’on fait! »
Merci Denis pour cette belle leçon de détermination!