L’Airbus A400M, persévérer ou s’énerver?
par Ciel Québécois
Tous les grands projets nécessitent la participation de partenaires. Par exemple, le Tunnel sous la Manche, le Concorde et maintenant l’Airbus A400M. Ce dernier est un énorme projet militaire d’avion de transport de troupes et de matériels. Photo: EADS
Malheureusement, les projections budgétaires initiales de 26 G$ d’Euros ont été défoncées de 6 G$ d’Euros. Comme cela est souvent le cas dans les projets d’envergures, les excédants n’ont pas échappé pas à la règle!
L’Airbus A400M est un avion de transport militaire actuellement en développement. Il s’agit d’un avion polyvalent, le premier de type militaire pour Airbus Military, qui devait entrer en service entre 2012 et 2014. Ce type d’appareil d’un poids maximum de 141 tonnes se situe entre le Boeing C-17 d’un poids de 259 tonnes et le Lockheed Hercules C130 de 79 tonnes. Sa vitesse maximale s’établit à 881 km/h contre 618 km/h pour l’Hercule et 930 km/h pour le Boeing C-17. Cet avion ultra-moderne possède les propriétés pour effectuer des atterrissages et décollages courts sur des terrains non préparés. Il sera capable de décoller à pleine charge sur des pistes rudimentaires de 1000 mètres. En effet, il est équipé de six « bogies » tandems sur le train principal. Le A400M sera aussi l’appareil à hélices le plus rapide du monde et il pourra être utilisé comme avion ravitailleur tout en étant capable d’intégrer le trafic aérien des avions de ligne. La soute du A400M pourra contenir un camion porte-conteneurs ou encore des véhicules d’infanterie. Son premier vol a eu lieu le 11 décembre 2009 et s’est déroulé avec succès.
Depuis le début, le projet Airbus A400M a attiré huit pays dans son sillon. C’est en juin 2001 que naissait donc un consortium formé de EADS Aerospace, MBB (Messerschmitt, Bolko-Blohm) et Lockheed. Depuis le début, ce projet a été affecté par de l’interférence politique. Les gouvernements concernés ont tenté de « tirer la couverte sur leurs côtés » dans l’attribution des nombreux contrats. Par exemple, dans la sélection du type de moteur, chacun a tenté de promouvoir leurs propres politiques industrielles. Ce sont donc des difficultés techniques et politiques qui ont indûment retardé le calendrier de production de cet appareil. On parle déjà de quatre ans de retard pour la mise au point de la motorisation, rien de moins! Cela a entraîné par le fait même des dépassements de coûts astronomiques qui ont placé ce projet sur la corde raide.
Voici sommairement la liste des événements qui ont été à la base de ces retards; L’indisponibilité du turbopropulseur TP400 sur le régulateur numérique de moteur à pleine autorité (FADEC). La masse de l’A400M qui souffrait d’une surcharge de 12 tonnes par rapport au cahier de charges. La navigabilité et la vitesse élevée de l’A400M, propulsée par quatre moteurs de 11,000 CV chacun, qui ont entraîné une complexité élevée sur les logiciels, et finalement le pilote automatique Thales qui a rencontré des problèmes dans la mise au point du logiciel TRN (Terrain Referenced Navigation). Toutes ces difficultés rencontrées dans la réalisation de cet appareil ont confronté les ingénieurs à un cahier de charges de plus en plus complexe.
Récemment, le projet a failli être suspendu définitivement à cause des dépassements de coûts importants. Les pays clients de l’avion ont finalement convenu de payer 3,5 G$ d’euros supplémentaires pour sauver le projet. Pour le reste de la somme, EADS a décidé d’assumer le 2,5 G$ d’Euros manquants. Advenant d’autres dépassements de coûts, EADS, la maison mère d’Airbus Military, risque de faire basculer ses comptes dans le rouge de façon importante. Il s’agit d’un gros risque, mais il était presque impensable d’annuler un si gros projet!
En conclusion, les ententes survenues récemment entre les différents partenaires de l’Airbus Military A400M devraient assurer la continuité de ce programme. Les enjeux sont importants, puisque cela assurera plus de 40,000 emplois et aussi la livraison de 184 appareils aux pays clients.